27/1/2021
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Yuka, Nutri-Score : comment sont notés nos produits alimentaires ?

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Des indicateurs souhaitables mais sont-ils suffisants ? 

Pour nous aider à nous orienter au milieu d’une offre alimentaire toujours plus riche, d’informations nutritionnelles toujours plus nombreuses et parfois contradictoires, un besoin d’indicateurs est apparu. Regardons d’un peu plus près les deux plus connus : Nutri-Score et Yuka.

Mis en place en France en 2017 par l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES) et le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP), le Nutri-Score a depuis été adopté par plusieurs pays européens. Son but ? Faciliter la compréhension des informations nutritionnelles par les consommateurs en évaluant la qualité nutritionnelle du produit via un score allant de A (meilleur score) à E (moins bon score).

Yuka est une application installable gratuitement sur un smartphone qui permet, en scannant le code-barre d’un produit, d’obtenir une évaluation de la qualité nutritionnelle de ce produit.

Le Nutri-Score et Yuka sont liés, car 60% de la note de Yuka est basée sur le Nutri-Score.
Evidemment, ces scores ne s’appliquent qu’aux aliments packagés, qui disposent d’un code-barre.

Une mauvaise note = un mauvais produit ? 

Ce n’est évidemment pas si simple.

Ces scores aident à identifier certains produits aux profils nutritionnels déséquilibrés mais se révèlent surtout utiles pour comparer des produits similaires.

Des produits “caloriques ou salés”, comme le chocolat, le fromage, les huiles, se retrouvent souvent avec des notes peu flatteuses, alors qu’ils ont des nutriments, des vitamines et des minéraux importants pour notre organisme (les matières grasses, notamment, sont très importantes). Bien sûr, consommés en excès, ils favorisent en revanche tous les problèmes liés à une alimentation déséquilibrée.

Pour ces catégories bien spécifiques, ces scores sont donc à relativiser. Ils ne vous permettront  pas, par exemple, de départager un pur jus de fruit, avec un taux de sucre naturellement élevé d’un jus de fruit avec du sucre ajouté, moins sain.

C’est quoi finalement...bien manger ?

Manger sainement est avant tout une question d’équilibre : associer différents types d’aliments pour que notre organisme trouve l’ensemble des nutriments dont il a besoin. Des aliments gourmands, en juste quantité, sont donc tout à fait compatibles avec un bon équilibre alimentaire. 

La règle des 3V d’Anthony Fardet est une bonne ligne de conduite à suivre pour se simplifier la vie : 

  • VRAI : manger des produits vrais, c’est-à-dire pas ou peu transformés
  • VARIE : varier les ingrédients et les produits
  • VÉGÉTAL : favoriser les produits végétaux (qui devraient idéalement constituer 85% de nos calories quotidiennes) 

Le Nutri-Score à la loupe

Un mauvais Nutri-Score, qu’est-ce que cela signifie ? Le Nutri-Score est une notation, traduite en lettre de A à E, pour évaluer l’intérêt nutritionnel d’un produit (A étant la meilleure note - E la pire note).

Le calcul se base sur ce qu’on appelle les macro-nutriments et la quantité d’énergie présente dans le produit : 

  • les nutriments et les aliments à favoriser comme les fibres, les protéines, la quantité de fruits ou de légumes, font monter la note de la recette 
  • les nutriments à consommer avec modération comme les acides gras saturés, les sucres, le sel, font, quant à eux, baisser la note

Pour tenir compte des spécificités de certaines familles d’aliments telles que les matières grasses ajoutées (beurre, huile), les fromages ou encore les boissons, la méthode de calcul du score a été adaptée. 

Quels produits concernés ?

À quelques exceptions près (herbes aromatiques, thés, cafés, levures, miel, etc.), tous les produits transformés et les boissons sont concernés par le Nutri-Score. Les produits non transformés, comme les fruits et légumes frais, le poisson frais ou les boissons alcoolisées, ne sont en revanche pas notés. 

Quels biais dans la notation ? 

Comme tout score, le Nutri-Score présente un biais et il faut toujours faire attention : 

  • Il n’évalue pas la qualité des ingrédients. Aussi, remplacer le sucre d’une recette par un édulcorant (considéré comme un additif et dont les effets négatifs pour la santé ont été prouvés) permet d’améliorer la note du produit. Avec cette règle, un soda tel que le Coca Zéro obtient ainsi une note B en Nutri-Score… 
  • Le Nutri-Score ne prend pas en compte l’utilisation d’additifs qui permettent de transformer les recettes pour avoir une meilleure note. Certains additifs alimentaires permettent ainsi d’épaissir une préparation et enlever du gras. 
  • En maîtrisant la méthode de calcul, il est assez simple pour les industriels de “tricher” pour avoir une meilleure note. Certains ajoutent ainsi des fibres à une recette, qui, dû à leur piètre qualité, ont très peu d’impact sur la santé.  
  • Le calcul du Nutri-Score se fait pour 100 g d’ingrédients et non à la portion. Aussi, la note moyenne pour une moutarde est de C car le produit est assez salé. Toutefois, la portion moyenne de moutarde consommée lors d’un repas est d’environ 30 g, ce qui divise par 3 la quantité de nutriments réellement ingérée.

Et Yuka alors ? 

Au-delà du Nutri-Score, Yuka apporte une vision intéressante du point du vue des additifs, à risque ou non. Sa notation repose sur un ensemble d’ouvrages et de publications sur le sujet et donne des informations sur l’impact santé de la recette.

Le fait d’ajouter un bonus sur les produits bio ajoute une dimension supplémentaire au calcul. Ces produits présentent généralement l’avantage de contenir moins d’additifs, car seulement 48 sont autorisés dans les recettes labellisées bio. 

Yuka est donc un score composite qui donne une bonne indication sur l’équilibre nutritionnel d’un produit et les additifs dangereux que peuvent contenir une recette. 

On retrouve en revanche les mêmes biais que dans le Nutri-Score, notamment quant à la qualité des ingrédients, le calcul au 100 g et non à la portion et la même sensibilité aux “astuces” comme l’ajout de fibres. 

Autre point de complexité : la bioassimilabilité (capacité d’assimilation par l’organisme) de certains nutriments est encore mal connue et n’est pour l’instant pas du tout couverte par les scores nutritionnels. On pourrait aussi parler du processus de fabrication : certains ingrédients (les huiles végétales par exemple) sont parfois trop chauffées lors de leur préparation, ce qui peut créer des substances toxiques.


Alors comment faire ?

S’ils ne sont pas parfaits, ces scores ont un réel intérêt puisqu'ils constituent un premier niveau d’information largement supérieur à l’existant (ce qui est facile, puisqu'il n’y avait quasiment rien de compréhensible pour, nous, consommateurs).

Il est donc très intéressant de les utiliser, mais plutôt dans une logique de comparaison entre produits similaires.

Pour tout le reste, c’est à dire les ingrédients utilisés (et leur provenance), les aspects économiques, éthiques, écologiques, le processus de fabrication... il faut trouver d’autres moyens de faire les bons choix.

C’est pour cela que chez Omie & Cie nous nous engageons dans une démarche de transparence radicale pour vous donner toute l’information nécessaire pour acheter vos produits en connaissance de cause. Aujourd’hui, aucun label, aucun score, ne vous donne toutes ces informations.